Felix Castan

 

Epos / Ethos

parution du 1er volume de ses oeuvres

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«Les cultures et les langues sont égales entre elles
comme les citoyens d'une même République»

Félix Castan
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Si, pendant plus de cinquante ans, il a fait de Montauban le laboratoire de ses expériences de décentralisation culturelle, l’action de Félix-Marcel Castan était reconnue et célébrée partout dans les territoires du Sud de la France et au-delà, plus que dans sa ville. La pérennité de son action le rendait dangereux pour tous les pouvoirs en place et il devenait rapidement l’homme à abattre. Etre un visionnaire têtu ne fonde pas une vie de tranquillité. Il regrettait d’ailleurs d’avoir vu saccager sa vie de famille avec l’existence sombre et austère qu’il imposait aux siens, constamment préoccupé par les attaques et les calomnies dont il était l’objet.

Dans les années d’après guerre, ses divergences avec les choix du mouvement occitan aboutirent à son exclusion du mouvement. Les Occitans rêvaient d’un destin politique de « réparation historique » alors que Félix Marcel Castan espérait lui donner un statut de modèle culturel – pour lui la culture occitane était riche de ce qu’elle donnait à la civilisation universelle avec les valeurs d’amour des Troubadours, de parité, d’humanisme par l’écriture et non par la conservation de la langue de la grand mère -.

Sans grands moyens il entreprit de mettre en application ses intuitions en choisissant sa ville, Montauban comme laboratoire de ses expériences, reproductibles, en les adaptant, dans d’autres lieux. A partir de la Place nationale d’architecture baroque il fonda un festival de théâtre (sa sœur, comédienne était alors élève à Paris de Charles Dullin) où furent créées pour la première fois en France les pièces du répertoire du Siècle d’Or espagnol, traduites pour l’occasion et contemporaines de notre place dite royale, à cette époque.

Quelques années plus tard, il créait le Centre International de Synthèse du Baroque, toujours à partir de cette place… baroque. C’est dans sa ville de Montauban qu’il convoquait tous les deux ans les spécialistes internationaux du baroque y compris les philosophes avec lesquels il posa une définition très complexe du Baroque.

Son épouse, Marcelle Dulaut était un peintre de grand talent. Autour d’elle, se réunirent, à Montauban, en expositions annuelles les peintres et les sculpteurs du Midi toulousain. Cette manifestation s’installa ensuite, à la fin des années soixante et avant les « événements » sur le plateau du Larzac « centre géographique de l’aire occitane » ce qui permit d’élargir le champ d’observation et de « monstration » des œuvres à la Mostra del Larzac, justement. D’un ordre tout à fait différent, la toute première manifestation organisée à Montauban dans les années cinquante, eut un énorme retentissement. Si bien que les occitans s’empressèrent de l’étouffer dans l’œuf. Il s’agissait d’une rencontre des poésies française, catalane, et occitane.

De Festival du Languedoc, la manifestation annuelle devint pour quelques années Festival d’Occitanie avec trois créations, à partir de l’histoire de Montauban, par André Benedetto : le Siège de Montauban (1974), salué par la presse nationale et internationale comme novateur et annonciateur du théâtre de rue, suivi des « Drapiers jacobins » qui mettait en scène la ville sous la Révolution et de « Pique-nique au Moulin d’Ardus » d’après le tableau de Cadène, représentant avant l’heure l’énergie vitale du Front populaire. Ce rendez-vous pris ensuite définitivement le titre de « Festival de Montauban – Forum d’Occitanie » quoique le titre de « Festival de Montauban » étant brigué par d’autres, cette appellation ait été souvent contestée. Vinrent ensuite les manifestations de « Montauban caméra » dirigées par Christian Poulanges, prolongation du ciné club de la fin des années soixante, avec la projection de tous les films d’un cinéaste et l’organisation d’un colloque. Ainsi en fut-il pour André Téchiné, Agnès Varda, Robert Bresson…. Et par dessus tout cela, les éditions Cocagne, la revue Mostra et la revue Baroque…

Chaque créateur dans sa discipline, chaque peintre, chaque sculpteur, chaque poète ou écrivain, chaque homme - ou femme - de théâtre, chaque cinéaste trouvait Félix Castan à ses côtés pour défendre sa survie mais aucun n’avait conscience que ce même travail de mise en valeur s’accomplissait dans les autres disciplines. Ainsi, chacun peut-il témoigner de sa rencontre ou de sa fréquentation de Félix-Marcel Castan, y compris ses collaborateurs les plus proches, mais chacun doit rester conscient de ne posséder que sa propre vérité, très partielle, de l’immensité de ce géant et de son action.

Il m’arrive de rencontrer l’un ou l’autre de ses anciens compagnons qui avouent que Félix et ses idées claires leur manquent cruellement dans leur action au quotidien. A s’occuper des autres, Félix-Marcel Castan n’a pas trouvé le temps de donner à son œuvre – largement inédite - la place qui, plus que tout autre, est légitimement la sienne et qui manque dans le paysage de la culture d’aujourd’hui. C’est la tâche prioritaire qu’il reste à accomplir. Ainsi ces journées de Larrazet coïncident-elles avec la publication d’une épopée en occitan. Suivront, le plus rapidement possible, des textes théoriques et d’autres poèmes en français et aussi en occitan.

 

Betty Dahël Castan

à commander :

Félix-Marcel Castan, Epos/Ethos
30 € aux éditions Cocagne 30 rue de la Banque 82000 Montauban