par Bernard Laponche in Atomes crochus : argent, pouvoir et nucléaire, réseau "Sortir du nucléaire", juillet 2012
Bernard Laponche, polytechnicien, docteur ès sciences en physique des réacteurs nucléaires, expert en politiques de l’énergie et de maîtrise de l’énergie, membre de l’association Global Chance.
L’évaluation de la sûreté des centrales nucléaires actuelles est fondée sur une approche probabiliste, le risque d’accident majeur étant considéré comme la combinaison d’un événement d’une gravité extrême et d’une très faible probabilité d’occurrence. Des catastrophes telles que Tchernobyl ou Fukushima ont ainsi été longtemps réputées d’une probabilité tellement faible qu’elles étaient de fait considérées comme impossibles.
Elles n’en ont pas moins eu lieu, portant à quatre (1 à Tchernobyl, 3 à Fukushima) le nombre de réacteurs victimes d’un accident majeur depuis le début du nucléaire civil, soit près de 300 fois plus que ce qui était « attendu » sur la base des calculs théoriques de probabilité.
Cet écart considérable montre que l’approche probabiliste, déconnectée du réel, est incapable de prendre en compte tous les facteurs de risque : « on est ainsi passé de l’accident impossible à l’accident inévitable et, de fait, à l’acceptation implicite de son occurrence au nom de “l’obligation” de poursuivre l’utilisation de la technique des réacteurs nucléaires. »Il s’agit là d’un pari inacceptable, et il est temps que ceux qui nous gouvernent prennent conscience de leurs responsabilités. (...)