I) Les organismes de contrôle
Il y a
pléthore d’organismes et d’experts tout puissants, « de
spécialistes
aux belles carrières, une communauté professionnelle
bien rémunérée »
(dixit la CRII Rad le 10-6-11) aux sigles
ésotériques.
I-1) En France l’IRSN (Institut de
Radioprotection et de Sûreté du Nucléaire)
a été créé en 2001
et regroupe 1.786 collaborateurs.
- Il a organisé
par ex en 2010 , 8 exercices de crise appelés PPI. Que ce
soit celui de 2002 suivi par Marc Faivet autour de Cadarache ou celui
de 2010 autour de Gravelines, le dénominateur commun est le même :
infos radio pas toujours entendues, n° verts saturés, bus
d’évacuation difficiles à réunir, exercice sur 3 ou 5 km au
max., pastilles d’iode insuffisantes etc...
Je vous livre la
réflexion de Marc Faivet de Stop Melox : ce sont des exercices
pour
« faire croire » et la règle qu’il prône est « sauve
qui peut ».
Désinformation ?
- L’IRSN
a 163 balises sur le territoire français mais la CRIIRad
dénonce le non partage de certaines infos après Fukushima, le
retard de publications encore en 2011.
- Sur
son site à « leçon de Tchernobyl », l’IRSN titre « dispersion de prédiction de cancers » et évoque les
conclusions de l’AIEA, 50 morts et 4000 à venir,
d’autres études, mais aucunement les 985.000 morts de l’étude
de Yablokov reconnus par l’Académie des sciences de New-York en
2010.
Pour rappel l’AIEA tire le bilan de Tchernobyl ou de
Fukushima à huis clos et par un accord de 1959 a la main mise sur
l’OMS pour toutes les infos concernant la radioactivité ce qui a
entraîné l’action de dénonciation de cet accord par les «
vigies » devant l’OMS depuis plus de 4 ans. Du coup l’OMS a un
service sur la radiations dérisoire !!!
- Enfin
l’IRSN s’appuie sur l’INSERM qui a des fichiers de mortalité
depuis 1968 mais n’a encore produit aucune étude épidémiologique
autour des centrales nucléaires et a même évincé JF Viel qui en
avait fait une sur les leucémies des enfants autour de La
Hague.
I-2) La Haute Autorité de Sûreté Nucléaire
Sa
création décidée en 2006 créée en 2008 ce qui démontre son
urgence… elle succède au CSSIN (Conseil Supérieur de la Sûreté
de l’Industrie Nucléaire).
Quand J Chirac l’a créée il a
dit : « la transparence et la rigueur des contrôles vont de pair
avec le développement du nucléaire », la messe est dite.
Le
sénateur Sido qui fait partie de la Haute Autorité de Sûreté
Nucléaire a dit récemment à propos de Fessenheim que « ce serait
la centrale la plus sûre de France car mis à part la coque de
confinement et le cœur tout a été changé » alors qu’au cours
de la même visite la sénatrice MC Blandin dénonçait l’épaisseur
ridicule du radier (1,50m alors qu’ailleurs c’est 6 à 8m) , les
risques de séismes, le risque de rupture d’un barrage en amont,
la nappe phréatique gigantesque à quelques mètres de la base des
réacteurs etc...
Comme dit JP Morichaud de Forum Plutonium qui a
participé au CSSIN de 1987 à 2006
« le rôle de ces « mâchins »
est de démontrer l’inocuité du nucléaire » et j’ajoute, non
de le surveiller…
I-3) L’Autorité de Sûreté
Nucléaire
Les 441 agents de l’ASN surveillent les centrales
françaises et en 2010 il y a eu environ 1.900 visites donc presque la
moitié d’inopinées.
Le reproche c’est une information «
enfouie » ou plus grave des mesures préconisées mais souvent
non imposées à EDF.
- En
2003, l’ASN dénonce des normes sismiques non respectées dans de
nombreuses centrales mais EDF refuse de s’y plier au nom de leur
coût ; ce n’est que maintenant, après Fukushima, que cela revient
à la surface.
-
Pour
les fameux stress-tests demandés par l’UE sur toutes les centrales
dans les pays membres, EDF va faire ces tests elle même et l’ASN
étudiera les résultats.
Souvent j’ai noté un suivisme :
- Quand l’ASN
dénonce il y a peu un conception de sûreté défaillante pour
l’EPR, elle suit les autorités britanniques et ne rappelle pas
qu’elle l’avait autorisé en 2007…
- En
2008 l’ASN prévoit d’étudier les leucémies autour des
centrales une fois que l’étude allemande démontrant les leucémies
infantiles autour des centrales est médiatisée.
- Lorsque
la santé des sous-traitants est devenue un thème médiatique grâce
au documentaire d’Alain Le Halleux, l’ASN lui donne une place
plus centrale. Idem pour des « vieux » déchets entreposés à La
Hague de 1966 à 2002 sans précautions suffisantes
(dénonciation dans plusieurs documentaires), c’est récemment que
l’ASN se fâche conttre Areva sur ce sujet…
- Enfin
récemment C.A Lacoste évoquait un accident majeur possible en
France sans tirer la conséquence de sortir du nucléaire. Ce sont
bien « ceux qui assurent la gestion sociale des catastrophes au lieu
de l’élimination des risques majeurs.
II)
Démocratie et nucléaire
II-1) Faux semblants et contrôle de
l’information
Les organismes cités laissent croire à
l’opinion publique, par ces faux semblants, qu’elle est
informée et surtout que le nucléaire est trop compliqué pour elle
et qu’il faut le laisser à des experts, incitant ainsi à la
passivité, au découragement face aux rapports « transparents » de
2.000 ou 5.000 pages.
II-2) Faux débats et enquêtes publiques et
secret défense
Quelques exemples :
- à Golfech dans les années 70 : 9 maires sur 12 refusent
l’enquête, 30.000 personnes signent leur refus de la centrale,
cela n’empêche pas la commission d’enquête de donner un avis
favorable
- à Bure plus récemment, 50.000 personnes demandent un référendum sur le
laboratoire d’enfouissement, cela n’empêche pas la commission
d’enquête d’approuver la création du
« laboratoire ».
- enfin pour l’EPR de
Flamanville cela bat des records : sur 9.000 documents préparatoires au débat dans lesquels partisans et adversaires
exposent leur arguments, 6 lignes du Réseau faisant d’un
document « secret défense » montrant que l’EPR ne
résisterait pas à la chute d’un avion suicide (comme d’ailleurs
aucun des 58 réacteurs actuels) ont été recouvertes d’un
autocollant indécollable.
« Au delà de la censure et du
secret (je cite le dossier sur le site du Réseau) ce débat est une
grande hypocrisie puisque la décision est prise avant le débat :
• le 21 octobre 2004 EDF annonce que l’EPR serait construit
sur le site de Flamanville
• le 14 juillet 2005 , le journal
officiel publiait la loi sur l’énergie qui valide la construction
de l’EPR
• Le 24 octobre 2005, M.de Villepin déclarait » au vu
des conclusions du débat, EDF construira le premier réacteur
nucléaire à Flamanville » (sic !)
• Le 31 octobre publication
par le Réseau d’un document qui montre qu’EDF avait déjà lancé
des appels d’offre pour la construction de l’EPR
…….le
3 novembre le débat public sur l’EPR débutait à Lyon »
une
seule enquête a eu une conclusion défavorable celle de Brennilis en
2009
II-3) EDF bafoue les lois et les normes fixées
par
elle-même SANS CONDAMNATION JUDICIAIRE
Le Réseau "Sortir du nucléaire" publie ce dossier qui, à
travers quelques exemples, montre que l'industrie nucléaire
est au dessus des lois et n'est pas sanctionnée par la Justice
« Pour
le Réseau "Sortir du nucléaire", la relaxe de la
Cogema ce vendredi 14 octobre 2005 à Limoges ne permet en aucun
cas de conclure que le Limousin n'est pas contaminé par les
activités d'extraction de l'uranium menées pendant des années par
la Cogema.
Le seul enseignement de ce jugement est… qu'il
reste extrêmement difficile en France, voire impossible, de faire
condamner une entreprise de l'industrie nucléaire, quand bien même
elle serait coupable de contaminations ou d'activités illégales.
Voici quelques exemples :
• Ces
dernières années, plusieurs centrales nucléaires ont fonctionné
illégalement (absence d'autorisations de rejets) pendant plusieurs
mois et même plusieurs années ! Les procédures judiciaires lancées
par le Réseau "Sortir du nucléaire" semblent "oubliées"
par la Justice.
• Les quatre
centrales nucléaires situées sur la Loire rejettent impunément
des produits chimiques bien au-delà des limites légales (jusqu'à 4 fois plus). Le Réseau "Sortir du nucléaire" a
pourtant été débouté par le Tribunal de Blois le 13 septembre
2005.
• Les centrales
nucléaires françaises ont occasionné de très nombreuses infractions aux rejets d'eau chaude pendant la canicule 2003.
La procédure lancée par l'association Tchernoblaye contre la
centrale nucléaire du Blayais semble avoir été "égarée"
par le Parquet de Bordeaux.
• L'atelier
de Plutonium de Cadarache a été rouvert illégalement par la
Cogema d'octobre 2004 à février 2005, dans le but d'y conditionner
le fameux plutonium américain. La procédure du Réseau "Sortir
du nucléaire" devant le Conseil d'Etat a été rejetée.
• Depuis des années, la Cogéma a
stocké illégalement à La Hague (Manche) des déchets
nucléaires étrangers. Mais elle a été relaxée et c'est…
l'association antinucléaire Crilan qui a été condamnée !
»
Remarque : quelles sont les réactions de l’ASN et autres
IRSN face à ces multiples transgressions des lois ??
Autre
ex. : en 2008, 75kg d’uranium polluent rivières et nappes autour
de Tricastin.
Le 16 octobre 2010, le tribunal correctionnel de
Carpentras relaxe Areva-Socatri du délit de pollution des eaux car il n’y a pas de « norme de potabilité de l’eau » en ce qui
concerne l’uranium et les matières radioactives.
Enfin le
procès obtenu par l’association des malades de la thyroïde, grâce
à une ténacité exemplaire, contre les responsables de la «
protection contre les rayonnements ionisants » en place en 1986,
s’est déroulé à huis clos et les plaignants isolés par des
cordons de CRS ce printemps 2011
II-4) La répression
des antinucléaires
• Le prétexte du
secret défense : risque de 5 ans de prison et 75.000 €
d’amende
Reconnaissant implicitement la liaison intime
nucléaire civil et militaire, l’Etat décrète « secret
défense » des éléments du nucléaire civil pour éviter la
transparence de l’information.
- d’où en 2006 les 2
interrogatoires de Stéphane Lhomme de 15h et 10h, du matériel de
travail saisi etc... pour avoir, divulgué via le Réseau un
texte interne d’EDF disant que l’EPR n’est pas protégé d’un
attentat suicide.
- pour
la même raison, en 2010, 3 salariés du Réseau sont convoqués
aussi par l’ex DST.
• S’ajoute la répression
multiforme : perquisitions multiples chez les militants pacifiques,
manifestations violement réprimées :
2 ex récents :
-
en 2010 Colmar se retrouvait en état de siège, les rues
fermées par du matériel antiémeute pour dissuader les
manifestants de venir, les isoler, les contrôler.
- les militants du GANVA qui s’étaient enchaînés aux rails pour
protester contre le transport de déchets nucléaires ont eu
des tendons sectionnés, des brûlures au 2 et 3ème degrès qui ont
nécessité des opérations chirurgicales. Leur plainte contre les
policiers a été déclarée sans suite ; par contre ils ont écopés
de 1.000 et 1.500€ d’amende et d’1 mois de prison avec sursis
pour leur action non-violente.
Propagande
plus ou moins feutrée, transparence brouillée, justice fort
clémente pour les institutions nucléaires et dure aux opposants,
répression dès que l’opposition devient aigüe, voilà la société
nucléaire dénoncée dès le départ par les opposants à cette
énergie effectivement totalitaire, le « meilleur des mondes »
à abandonner en urgence...